Je ne vous apprendrai rien en disant qu’il est très dur pour les managers et leurs équipes d’accepter le risque de tout perdre, leur moyen de subsistance mais aussi leur activité dans laquelle ils sont investis. Ce qu’il faut retenir c’est que l’aversion à la perte va mécaniquement freiner encore plus cette prise de conscience difficile. Personne n’acceptera les signaux d’alerte d’emblée. Aujourd’hui plus qu’hier, l’entreprise affiche sa belle histoire, sa « reason why », sa stratégie historique qui est la meilleure possible, parce que c’est celle qui a toujours été défendue et qui a porté ses fruits. Il est plus aisé de laisser s’exprimer son biais de confirmation et son excès de confiance, plutôt que de révolutionner son modèle. Toutes les structures en difficulté prennent un temps de retard dans la mise en place du traitement curatif qui serait nécessaire.
Alors comment lutter ? Les chercheurs en la matière nous apprennent qu’il est impossible de se transformer et de « déprogrammer » ces biais qui sont propres au fonctionnement des êtres humains.
Il est essentiel que les chefs d’entreprises prennent conscience de cette réalité et intègrent le fait que tout individu, quelle que soit sa qualité, est enclin à commettre certaines erreurs. Dans une période de crise, lorsqu’il s’agira de prendre les décisions stratégiques qui vont déterminer le futur de la société, il faudra décider comment bien décider : donner du temps à la réflexion, ne pas décider seul, s’entourer d’équipiers et de conseils qui sauront être critiques et faire émerger le bon diagnostic.